Dans les années d’après-guerre, avec
notamment les travaux de Bettelheim sur l’autisme[1], on a
longtemps considéré que la psychose chez l’enfant découlait d’une relation défaillante
à la mère.
Aujourd’hui cette vision est largement
tempérée par l’évolution des recherches en génétique qui attestent d’une
défaillance neuronale dès la formation du fœtus chez les enfants présentant une
forme de psychose (autisme, schizophrénie, ...). Ces nouvelles découvertes libèrent
les mères (au moins en partie) de la responsabilité (et de la culpabilité que
cette totale responsabilité avait engendrée chez un grand nombre de mères)
d’une psychose chez leurs enfants.
Ce type de réflexion n’exclut cependant
pas que la relation avec la mère, le père, la famille, influe durablement sur
le développement
ou non de la psychose. Mélanie Klein, parmi les premières à
avoir psychanalysé des enfants[2],
explique combien dès sa naissance le nourrisson connaît l’angoisse de la
séparation d’avec sa mère. Au gré des allers et venues de sa mère le bébé
expérimente la présence et l’absence, comme autant de fusions et séparations.
Toujours selon Klein, le bébé connaît une primitive tendance de mort vis à vis
de sa mère lorsqu’il est confronté à la frustration, à l’attente déçue. Les différentes
étapes de son développement forment justement un «processus qui implique pour le sujet un dépassement de sa primitive
tendance de mort ».
Une socialisation harmonieuse de
l’enfant avec son entourage, témoigne du dépassement de cette tendance de mort
vis à vis d’autrui. A l’inverse, l’échec à ce niveau est un germe pour le
développement de difficultés psychotiques (difficultés qui prennent leur source
pour la plupart avant 7 mois, toujours selon Mélanie Klein).
Chez Frances Tustin[3] qui a
travaillé sur l’autisme infantile, la conscience de la séparation d’avec la
mère n’est pas suffisamment expérimentée chez ces enfants. Ce qui signifie que
la mère n’a pas été assez présente pour que l’enfant prenne la mesure de ce que
lui et elle, forment deux entités distinctes. Au point que lorsque la mère
s’éloigne, l’enfant vit la séparation comme un traumatisme : c’est comme
si on lui enlevait une part de lui-même :
« La
psychose infantile est un état dans lequel l’enfant est totalement coupé de la
réalité vécue par les autres enfants du même âge. D’après cette définition
on peut énoncer que l’autisme infantile correspond à un état psychotique. »
Face à ces enfants, il revient au
thérapeute d’interroger les symptômes par lesquels l’enfant exprime sa psychose.
Les symptômes sont en effet une expression détournée des conflits qui se
déroulent au niveau inconscient, pour l’individu. Porter ces conflits à la
conscience du sujet et de sa famille permet dans la plupart des cas de libérer
l’enfant de la nécessité du symptôme.
Comme le dit Maud Mannoni :
«
Le symptôme, comme nous le montre Freud, inclut toujours le sujet et l’autre.
Il s’agit d’une situation dans laquelle le malade cherche à faire entendre, par
le détour d’un fantasme de castration, la manière dont il se situe face au
désir de l’autre. […] Le médecin a pour tâche de faire rebondir l’interrogation
que le sujet formule à son insu, mais pour cela il lui faut être capable de
porter son écoute ailleurs qu’à l’endroit où la crise surgit. »[4]
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